Le Québec adopte sa nouvelle loi quant à la protection des données personnelles

Eh bien, notre législateur provincial n’a effectivement pas tardé à adopté sa version révisée du Projet de loi 64, alors que la nouvelle loi en résultant était finalement adoptée la semaine dernière. La loi refondue visant à protéger les renseignements personnels au Québec est ainsi publiée en version finale. C’est donc maintenant fait, le Québec s’est mis à la page pour ce qui est de ses propres règles (dont sa Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé) visant à renforcer la protection des données que manipulent les entreprises à l’intérieur de la province.

Comme le mentionnaient récemment les médias, le Législateur espère ainsi débarrasser le Québec de sa «culture de négligence» désinvolte par rapport aux pratiques d’entreprise en matière de renseignements personnels. Avec une loi datant de la préhistoire des données, le Québec faisait jusqu’ici figure de parent pauvre de la protection des données, la plupart des entreprises préférant ne pas entendre parler de ce sujet, fort de l’impression (réelle!) que la loi québécoise n’avait que très peu de chances de mener à de véritables sanctions, même si on finissait par se faire prendre les doigts dans le piège à souris.

La nouvelle loi comporte des dispositions modernisées inspirées du règlement européen (le fameux  Règlement général sur la protection des données, ou «RGPD»), assorties de réelles sanctions pour les entreprises jugées délinquantes. Avec des amendes éventuelles pouvait s’élevées à des millions de dollars, on croit que la loi québécoise a ce dont elle a besoin pour FINALEMENT attirer l’attention des dirigeants d’entreprises, incluant ceux de simples PME, jugeant souvent jusqu’ici ne pas réellement avoir à se préoccuper de ce genre de choses.

Eh oui, bien qu’on le sache depuis longtemps (en principe), toute organisation qui collecte, utilise, partage ou communique des données à caractère personnel de tiers DOIT se conformer aux règles en matière de protection des renseignements visés. La négligence (ou l’aveuglement volontaire) quant à ces règles pourra désormais coûter cher aux organisations délinquantes, bien que la Commission d’accès à l’information (la «CAI»), affirme qu’elle « prendra en compte la capacité de payer des entreprises » en faisant appliquer cette loi.

La loi vient notamment aussi réaffirmer clairement qu’un consentement explicite, libre et éclairé s’avère nécessaire AVANT toute utilisation de données personnelles, à l’instar de ce qui se fait par exemple en Europe.

Malgré son adoption formelle par le Québec, la majorité des dispositions de la nouvelle loi n’entreront réellement en vigueur (dont ses amendes éventuelles) que dans deux (2) ans, le 22 septembre 2023.

Par contre, un petit nombre de dispositions entreront, elles, en vigueur dès septembre 2022, dont les celles qui prévoient l’obligation pour les entreprises d’aviser les victimes (et la CAI) des incidents tels de piratage informatique et qui auraient exposés leurs données à des fuites. En vertu de la nouvelle loi, en effet, toutes les organisations ont l’obligation de déployer des mesures de sécurité appropriés afin de protéger le genre de renseignements personnels qu’elles détiennent quant à autrui.

D’ici là, la CAI et nos entreprises ont pas mal de devoirs à faire pour se préparer à cette nouvelle réalité.

Le Canada décriminalise les paris sportifs sur un seul événement ou match

Le gouvernement canadien annonçait récemment que le projet de loi C-218 (modifiant des dispositions du Code criminel) entrera en vigueur le 27 août prochain. Cet amendement de l’art. 207(4)(b) permettra dorénavant (potentiellement) les paris sur des événements sportifs individuels (une course, un combat, une compétition sportive, etc.) de façon qui n’enfreigne pas automatiquement le Code criminel, au Canada.

Common chacun le sait, le Code criminel canadien interdit jusqu’à maintenant les paris sur des événements sportifs spécifiques, contrairement à ce qui se fait aux États-Unis, par exemple. Bien que les provinces pouvaient déjà permettre la prise de paris sur plusieurs événements en même temps, personne ne pouvait jusqu’à maintenant parier sur UN seul événement ou match, même en se conformant à la législation de sa province. C’est ce qui changera, dont pour tenter d’endiguer un peu le déséquilibre existant entre les paris placés légalement au Canada chaque année (4 milliards de dollars), à comparé du montant des paris illégaux (10 milliards de dollars).

Cela dit, il est important de noter que tout ce qu’on fait ici c’est de décriminaliser, selon certaines conditions. On ouvre pas la porte toute grande. Au contraire, on permettra ce genre de paris, sujet au respect d’un cadre réglementaire, dont les détails seront laissés à la discrétion des provinces, compétences constitutionnelles oblige. Ce faisant, les Canadiens pourront parier ainsi si et quand leur province autorise et choisit d’encadrer ce genre de pratique.

Pour une raison ou une autre les paris sur les courses de chevaux, eux, sont exclus de ce qui serait dorénavant permis. Il faut croire que de bénéficier des efforts d’un athlète humain c’est ok mais pas si on fait travailler un cheval. Eh ben. J’ignore pour l’instant ce qu’entend faire le Québec à ce sujet. À suivre donc.

Le Québec veut resserrer les règles quant aux marques en anglais ou d’autres langues

Le gouvernement du Québec déposait il y a quelques semaines un projet de loi visant à favoriser la protection de la langue française dans la province. Le projet de loi 96 vise à moderniser le traitement du français dans diverses lois, dont (et principalement) dans la Charte de la langue française. Le but ici est d’affirmer que la seule langue officielle du Québec est le français, la «langue commune de la nation québécoise».

Chose intéressante côté P.I., la nouvelle mouture de la Charte fermerait la porte de sortie qui demeurait dans la Charte quant aux marques de commerce qui sont présentées dans une langue autre que le français. Depuis 1977, les entreprises conservaient en effet en principe le droit d’afficher toute marque dans une langue autre, les marques dépassant en quelque sortes ce que pouvait régir la loi québécoise, dont sa Charte. Ce faisant, les entreprises ont éventuellement compris le truc en utilisant des noms et des mots en anglais dans leurs marques affichées au Québec, au grand déplaisir de l’OQLF.

Visant visiblement à fermer cette porte aussi fort que le Québec le peut, le projet de loi 96 viendrait modifier la définition d’une marque de commerce dans la Charte, afin de préciser qu’on ne considérera dorénavant comme telle que les marques ENREGISTRÉES (déposée, selon le vocabulaire de l’Office de la propriété intellectuelle du Canada). Ce faisant, toutes les marques présentées dans d’autres langues sans pour autant être enregistrées deviendront persona non grata au Québec, exposant les entreprises qui les utilisent à des sanctions éventuelles.

Si on met de côté le problème juridique de la compétence d’une province à imposer une telle restriction, les entreprises dont la marque est essentiellement tirée d’une langue autre que le français ont tout avantage à prendre les devants et à déposer leur marque de commerce. Heureusement, ce processus ne s’avère pas très coûteux ici, à comparer de nombreuses autres juridictions.

D’ailleurs, il semble aussi pertinent de préciser que le projet de loi 96 implique de plus une modification importante des règles en matière d’affichage et d’enseignes de magasins, par exemple. Dorénavant, en effet, le critère à appliquer pour juger de ce qui s’avère acceptable tablerait sur la présence  « nettement prédominante » du français dans l’affichage en question. Cette modification s’avère susceptible de changer substantiellement la donne quant à ce qui s’avère permis au Québec, en matière d’affichage.

Le projet de loi 96 est actuellement à être débattu. Les dispositions concernant les marques de commerce, elles, entreraient en vigueur trois (3) ans après l’adoption éventuelle de la loi.