L’IA nommé LaMDA : tour de magie ou tour de force?

Circule depuis quelques jours l’histoire d’un ingénieur de Google nommé Blake Lemoine qui aurait circulé des messages affirmant qu’un programme d’intelligence artificielle («IA») nommé LaMDA (créé par Google) aurait atteint le stade où on devrait le considérer comme une personne capable de raisonnement. Huh?

Malgré le sensationnalisme de l’affaire, semble que les spécialistes s’entendent pour dire qu’on est pas pour l’instant au stade où on peut considérer que l’IA permet réellement aux ordinateurs de réfléchir -seulement de bien imiter les affirmations et les réponses d’humains. Certes, on peut clavarder avec un programme d’IA comme LaMDA et avoir l’impression de converser avec un enfant, mais la réalité c’est que, dans l’état actuel de la technologies, la chose relève plus de la supercherie, ou disons de l’illusion (pour être plus charitable), que de la création de véritables personnalités numériques.

Semble que les programmes conversationnels comme LaMDA s’avèrent essentiellement très bons pour recracher des bouts de phrases chapardés sur Internet, au bon moment, en réponse à des questions qu’on leur pose. Les échanges avec LaMDA peuvent donc ressembler à des discussions avec un être qui réfléchit et qui possède des désirs et des intentions, sans pour autant qu’un être soit réellement de l’autre côté de l’écran. Comme un tour de cartes sur scène, c’est charmant mais pas exactement susceptible de redéfinir notre paradigme du monde qui nous entoure, disons.

La raison pour laquelle je partage cette histoire avec vous, c’est qu’elle nous donne un aperçu de ce qui risque d’arriver, au cours de années et des décennies à venir, alors que l’IA continuera de se développer et d’approximer de mieux en mieux ce que c’est de réfléchir. Il y a fort à parier qu’au fil des années, on risque de voir un nombre croissant d’histoires pareilles, au sujet de programmes qui sembleront dotés d’une personnalité réellement capable de réflexion. Ce n’est pas demain la veille, mais cela pourrait fort bien cesser d’être de la science-fiction, tôt ou tard. Il nous faudrait alors collectivement réexaminer ce que c’est un être et, peut-être alors, modifier notre droit en conséquence afin d’encadrer ce nouveau type de personne intangible, incluant ce que le droit devrait leur reconnaitre comme droits.