Twitch veut se réserver le droit de bloquer les indésirables de sa plateforme




 




On rapportait hier que la plateforme de diffusion vidéo en direct Twitch innove quant aux modalités régissant ses services en prévoyant qu’on pourrait dorénavant sévir contre les usagers pour des comportements survenus à l’extérieur de Twitch qui se qualifieraient de «Severe Off-Service Misconduct». Selon le billet sur le blogue officiel de Twitch, l’idée serait de permettre à Amazon (la propriétaire de la plateforme) de sévir contre les individus qui adopteraient des comportements jugés trop néfastes, en les bloquant, par exemple, et ce, même si le comportement problématique s’est produit autrement qu’en utilisant Twitch.
Oui, Twitch veut les coudées franches pour bloquer les indésirables de sa plateforme à l’avenir.

Pour l’instant, les comportements à proscrire pour les usagers de Twitch viseront des exemple faciles à défendre pour Amazon, comme ce qui touche l’exploitation ou les agressions sexuelles, la violence, l’extrémisme, le terrorisme, la violence de masse, etc. En somme, on veut se doter des outils afin d’agir quand on repère des risques substantiels pour la collectivité, peu importe que cela se produise directement sur cette plateforme, sur une autre ou même… IRL («in real life»). Les exemples précis que cite le billet de Twitch comprennent (en anglais):

  • Deadly violence and violent extremism
  • Terrorist activities or recruiting
  • Explicit and/or credible threats of mass violence (i.e. threats against a group of people, event, or location where people would gather)
  • Leadership or membership in a known hate group
  • Carrying out or acting as an accomplice to non-consensual sexual activities and/or sexual assault
  • Sexual exploitation of children, such as child grooming and solicitation/distribution of underage sexual materials
  • Actions that would directly and explicitly compromise the physical safety of the Twitch community, such as threatening violence at a Twitch event
  • Explicit and/or credible threats against Twitch, including Twitch staff

Comme on le comprend aisément, en temps normal, les politiques ou les modalités de services en ligne visent évidemment à régir le comportement des usagers quand ils utilisent la plateforme ou le service en question. À l’exception de Facebook, qui interdit certaines organisations jugées indésirables, par exemple, les politiques et les règles des plateformes de réseaux sociaux se limitent généralement à ce qui se passe sur la plateforme, sans grande surprise.

Par contre, en principe, rien n’empêche d’ajouter à ce contenu habituel des dispositions impliquant autre chose, comme le font parfois les contrats dans le contexte commercial. En effet, bien qu’un document traite d’un sujet X (l’achat d’un terrain, par exemple), rien n’empêche les parties de prévoir aussi que l’une des parties ne fera pas telle ou telle chose, laquelle n’a pas nécessairement à avoir de lien direct avec l’objet principal du contrat. Pourvu qu’on ne soit pas dans une situation abusive et que ce soit bien l’intention des parties, ce genre de disposition tiendra normalement la route, du moins dans un véritable contrat.

Dans le cas des modifications proposées par Twitch, on pousse cependant la chose une coche plus loin, en intégrant de telles contraintes pour l’usager dans les politiques et règles de la plateforme. Ainsi, en utilisant cette plateforme, les usagers conviendront qu’ils s’exposent à des conséquences s’ils adoptent certains types de comportements, qu’on qualifie de «severe misconduct» (inconduite grave). Fait intéressant, Amazon entend même appliquer ses nouvelles règles à tous (y compris à ceux qui n’utilisent pas encore Twitch) en se réservant le droit d’interdire l’accès à sa plateforme à toute personne ayant adopté l’un ou l’autre des types de comportements prohibés. Tout individu associé à un comportement néfaste de la liste pourra alors devenir persona non grata chez Twitch — c’est l’idée.

Comme on s’en souviendra, en début d’année, Twitch a suspendu le compte de Donald Trump, ce qui a visiblement amorcé chez elle une réflexion par rapport aux genres d’abus qu’on a avantage à prévoir afin de pouvoir réagir au besoin.